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Bahareh Ardakani, la mathématicienne de la mode

C’est une saison particulière pour Bahareh Ardakani. Si la créatrice irano-suédoise de 40 ans, qui a créé sa marque Ardazaei en 2018, a déjà présenté son travail en marge des collections parisiennes de haute couture, c’est la première fois qu’elle est invitée à intégrer le calendrier officiel des défilés. « Un honneur ! J’ai tellement de respect pour ce niveau de création », explique-t-elle lorsqu’on la rencontre dans sa boutique du 8e arrondissement de la capitale, quelques jours avant son show.
Au Musée des arts décoratifs, le 27 juin, elle a présenté sa collection, baptisée « Calabi-Yau. Les dimensions cachées ». Pour comprendre ce titre, il faut revenir à la première vie de Bahareh Ardakani. Née à Téhéran, elle est âgée de seulement 1 an lorsque ses parents s’installent à Göteborg, en Suède, où son père est chef pâtissier.
En grandissant, elle se découvre un goût pour les sciences en général, et les mathématiques en particulier. A l’université, elle étudie le design industriel, et en fait son métier. « La création était déjà dans mon subconscient, mais mon amour pour les sciences a pris le dessus. Avec le design industriel, je pouvais combiner les deux. » Et Calabi-Yau, dans tout cela ? « C’est une formule mathématique. Avec cette collection, j’aborde de façon plus conceptuelle le monde des maths et l’idée que nous en avons. Ici, il s’agit des dimensions que l’œil ne peut pas voir. » Une formule scientifique appliquée aux vêtements, donc.
Sur le podium, cela donne une robe volumineuse en organza, soie et cristaux brillants, dont les ourlets sont arrondis à l’aide de cordes de piano pour accentuer sa dimension ; une autre, sculpturale, dont le bustier en soie lamée brillante est entièrement plissé – par les Ateliers Lognon, qui appartiennent à Chanel ; un ensemble pantalon et veste parme, dont le col remonte haut et géométriquement dans le cou ; ou encore une grande robe trench-coat en organza, pourvue d’une traîne allongeant les proportions.
Si l’ensemble est parfois un peu trop grandiloquent, les techniques de fabrication sont sans conteste maîtrisées. « Dans les formes, je pense que je suis plutôt scandinave, avec une approche assez minimaliste de la silhouette. Mon côté perse, lui, s’exprime dans la flamboyance des embellissements. »
Bahareh Ardakani a, depuis ses débuts, tenu à ce que ses matériaux soient le plus écoresponsables possible. « La Suède a été très en avance sur cette question », observe-t-elle. Elle choisit ainsi ses fournisseurs de tissus, la plupart en France, en fonction de leurs certifications écologiques. Si elle partage toujours son temps entre Stockholm et Paris, elle a, depuis peu, définitivement installé son atelier de couture dans la capitale française : « C’était le plus logique, car toute la richesse de l’histoire de la mode se trouve ici. » Pour la haute couture, Paris sera toujours Paris.
Maud Gabrielson
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