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La mort de l’italien Emilio Gabaglio, infatigable artisan du syndicalisme européen

Il avait la passion de l’Europe chevillée au cœur. Militant de l’Europe sociale, fédéraliste européen, Emilio Gabaglio, ancien secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES) de 1991 à 2003, est mort à Rome le 7 octobre, à l’âge de 87 ans. Fils d’un commerçant horloger, il naît le 1er juillet 1937 à Côme, en Lombardie. A 16 ans, sa mère l’envoie à Londres pour étudier l’anglais. Il s’engage chez les scouts et fera sien toute sa vie leur précepte : « Essaie de laisser le monde meilleur que tu l’as reçu. »
Titulaire d’une licence de sciences économiques de l’Université catholique de Milan, Emilio Gabaglio devient professeur d’économie dans l’enseignement supérieur et conseiller municipal socialiste de Côme. Au milieu des années 1960, ce « laïc qui a la foi » s’investit dans l’Association chrétienne des travailleurs italiens, créée par le futur pape Paul VI. Il en est le président en 1969. Le débat sur le divorce provoque une rupture avec la hiérarchie catholique qu’il vit mal : rompre avec le pape de Vatican II, « c’était pas facile à assumer ». Il quitte l’association en 1972.
En 1964, Emilio Gabaglio adhère à la Confédération italienne des syndicats de travailleurs, la centrale chrétienne, et il en devient permanent en 1974, chargé du secteur international, puis secrétaire général en 1983. En 1973, il sera l’un des fondateurs de la CES. Elu secrétaire général de la CES en 1991, réélu en 1995 et en 1999, il cède la place à un Britannique en 2003. Inébranlable défenseur des droits humains, il se bat pour la démocratie en Espagne, au Chili, au Brésil et en Pologne. Citoyen du monde, il mène une délégation syndicale le 1er mai 1994 à Sarajevo. Protégé par un gilet pare-balles et un casque, il déjoue les tirs qui l’accueillent à l’aéroport. « Le plus beau 1er-Mai de [sa] vie », dira-t-il.
Avec la complicité de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne, ce syndicaliste sans frontières fait avancer l’Europe sociale. A l’initiative d’une euromanifestation qui rassemble plus d’un million de travailleurs à Bruxelles, en 1993, Emilio Gabaglio fait inscrire le dialogue social dans les traités européens. Il lance des négociations avec le patronat européen et est à l’origine des directives sur les droits d’information et de consultation des comités d’entreprise européens. Et il répète que « l’union ne doit pas sacrifier son modèle social pour entrer dans la nouvelle économie ».
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